Ou suis-je..? [libre]

Tout était noir. Peu importe ou je tournais les yeux, je ne voyais que du noir. Sous mes doigts, je sentait de l'herbe fraîche et sur ma peau la caresse du soleil, mais pas sa morsure. Le temps était doux, et une légère brise me rafraichissait le visage. Puis je comprit enfin pourquoi tout était noir : j'avais simplement les yeux fermés. Quoi de plus normal donc que de les ouvrir ?

Le paysage qui se dévoila à moi m'était inconnu. Mais je ne m'y attarda pas pour l'instant. Frénétiquement, je regardait autour de moi à la recherche de Lapin. Ma peluche, qui m'avait accompagnée depuis tant de temps... Je finit par la trouver, j'étais assise dessus... Je la prit dans mes bras et la serra contre moi.

"Ou est-ce qu'on a atterris toi et moi..?"

A nouveau mes yeux examinèrent le paysage. Une immense plaine... Je n'était plus dans la chambre..? Je me souvenais de grosses secousses, puis de cette impression que tout s'écroulait interminablement sous mes pieds... Mais le sol était bien solide sous moi, et je me releva pour le piétiner un peu, riant. Ce n'était pas de la moquette. Ni un matelas. De l'herbe. J'avais presque oublié à quoi ça ressemblait... Mais il y avait quelque chose d'étrange ici.

Le ciel n'était pas gris comme de la pierre. Il était bleu. D'un immense azur... Je le fixa un long moment, émerveillée. Sur le monde dont je venais avant d'être emprisonnée, le ciel était gris. Mais la... Cette débauche de couleurs vives m'époustoufla plus encore que l'herbe sous mes pieds. Je pris Lapin par les deux mains et tournoya un peu sur moi-même, riant aux éclats à présent.

"Libres, nous sommes libres ! hahaha !"

Je finit par avoir le tournis et tomba au sol. Je n'en revenais pas. Des années, que je 'avais pas comptés tellement il y en avait eu, au sommet de cette tour infernal sans aucun moyen d'en descendre... Et à présent, de l'herbe sous mes pieds et le ciel bleu au dessus de ma tête. Je serra à nouveau Lapin contre moi, mais cette fois un immense sourire étirait mes lèvres.

Puis je me décida à me relever et à chercher quoi faire à présent. J'étais certes libre, mais je ne savais pas ou j'étais... J'avais avec moi le sac ou j'avais mes affaires de couture et encore quelques peluches, que j'avais quand les anges m'avaient emmenés au sommet de la tour... Je n'était pas totalement démunie au moins. J'avais l’habitude de tout ranger dedans, je ne sais pas pourquoi, une habitude... Je faisais ça avant de dormir à chaque fois, comme si Suìn allait venir me chercher et me dire comme chaque matin : "Tu viens ? Le monde n'attend pas !"... Suìn... Cette habitude avait du bon finalement... Même si d'y repenser, j'en avais les larmes aux yeux. Me voila donc au milieux d'une plaine inconnue à serrer Lapin contre moi à l'en étouffer.

Enfin terminé cet entrainement. Après un an sans trop bouger, forcément, on perd toute endurance. Mais peu importe, maintenant que j'ai retrouvé mon père, la fatigue est un moindre mal. En fait je devrais faire plus attention à mes doigts des fois... Sérieux, j'ai réussi à me coller plus de pansements en une semaine qu'à l'ombre en un an! Des petits pansements bien sûr... Bon sauf ce bandage suite cette dague de jet sur le pied. Un jour je me tuerais, et je me traiterais de con maladroit avant de mourir.

- J'vais chercher la dague! J'reviens pour le goûter promis!

Je fit un signe de main à mon père avant de boitiller sur la plaine, pour aller chercher mon arme. La plaine, c'est vraiment l'endroit idéal. Y a personne, c'est grand, génial pour s'y défouler! Je trouvai la dague me penchai pour la ramasser, et quand je me relevai, je sentit un sursaut dans ma poitrine. En général, c'est qui arrive quand je voit quelqu'un et que je suis surpris, ce fut le cas. Une jeune fille qui eut l'air à peine plus âgée que moi, dans des habits... très féminins. Je n'étais pas vraiment un expert en la matière, je sus juste que sur un garçon, ça ne passait absolument pas. Je me sentit un peu mal, sachant que j'aurais pu la blesser.
Pour une raison qui m'échappait, elle cria "Nous sommes libres"... Mais... Elle était toute seule. Je me demandai bien quelle genre de folle était-ce encore. Vu ma dernière expérience avec une jeune fille, je pris la décision de repartir vers le château, comme si de rien n'était...

Finalement j'avais cessé d'étouffer Lapin - le pauvre, j'aurais pu le tuer ! - et je m'étais mise a marcher dans l'herbe, entendant pour la première fois depuis une éternité les bruits de la nature... Les insectes, les papillons, le vent dans l'herbe, autant de sons que je n'avais pas entendus depuis si longtemps que le moindre grincement de sauterelle me faisait sursauter. Puis, au loin, j’aperçus une silhouette plus grandes que les insectes, un peu de la même taille que moi en faite... Un être vivant ? Cela faisait aussi longtemps que je n'en avais pas vu, et je faillit sauter de joie avant de remarquer qu'il avait des ailes dans le dos. Un ange..? Non, les anges avaient des ailes blanches... Peut-être que c'était un ange avec des ailes différentes, ce qui expliquait qu'il soit seul ici. Il avait certainement été rejeté par les autres pour sa différence. Persuadée de ma version, je me mit a courir vers le garçon.

- Heeey ! T'es un ange ?

Finalement je m'arrêtais devant lui, un peu essoufflée, peu habituée a marcher ou a courir autant. En même temps j'avais passé plus de 1000 ans dans une simple chambre. Lapin pendait au bout de ma main, et je me sentit obligé de le secouer un peu comme pour le réveiller. Cette andouille s'était encore endormi, pour ça qu'il était tout pendouillant... Puis je le calai sur ma hanche.

- J'm'appel Shiro, mais si t'es un Ange tu dois pas trop m'apprécier... Et ca c'est Lapin ! il ne parle qu'à moi, mais je sais qu'il est très heureux de te rencontrer ! Ça fait longtemps qu'on n'a vu personne, alors ca fait plaisir de voir des gens... Même si c'est un ange et qu'il est tout seul !

Un peu essoufflée encore par mon débit de paroles, j'adressai un sourire un peu craintif a "l'ange", de crainte de représailles par rapport a l'effondrement de Tour. Après tout, même si ça s'était passé il y a plus de 1000 ans, j'en était relativement responsable...

Je tressaillit au son de sa voix. Merde, grillé. Je priais intérieurement pour qu'elle soit plus ou moins saine d'esprit, où du moins pas dangereuse. En même temps j'étais dans une meilleure position que cet autre soir. Bien qu'un peu épuisé, j'avais mes dagues de jet avec moi, et le château n'était pas loin. Je pouvais donc m'enfuir aisément si besoin était.
Comme c'est pas poli d'ignorer les gens, je décidais de répondre. Sauf que sa question était assez inhabituelle. Malgré la sincérité dans sa voix, je me demandais si elle ne se fichait pas un peu de moi à cause de mes ailes.
Bref, surpris, je me retournais brusquement.

- Un... un ange?

Là, elle me balançait une présentation des plus dingues qui puisse être. Elle, sa peluche, sa solitude. Que devais-je répondre à ça? J'essayais quand même, un peu pris de court. J'avais envie de lui dire, mais ton lapin... C'est juste une peluche. Et puis à son âge, j'ignorais qu'on jouait encore à la poupée... Sauf que je n'avais pas tellement envie de la vexer. Du coup je jouais la carte de la politesse, parce que s'énerver, faire passer pour une andouille ou bien passer pour une andouille en se barrant en courant face à une fille... C'est pas terrible.

- Jm'appelle Coban. Mais j'suis pas un ange... Pourquoi tu dis ça? Tu te moques un peu de moi non?

J'arquais un sourcil, affichant un air à la fois interrogatif et méfiant, jetant considérant la fille de haut en bas. Mon regard s'attardait sur "lapin". Qu'avait-il de si spécial?

- Jm'appelle Coban. Mais j'suis pas un ange... Pourquoi tu dis ça? Tu te moques un peu de moi non ?

Secouant la tête, je me demandai comment lui expliquer... Pour moi, les anges avaient des ailes et étaient les représentant de l'ordre sur Tour. Mais vu le lieux en faite je ne devais plus y être... si ça se trouve c'était un ange local. Encore qu'il avait dit ne pas être un ange... Mais c'était quoi alors ?

Curieuse, je commençai à lui tourner autour, faisant regarder Lapin sous des angles différents pour qu'à nous deux on puisse avoir une vue d'ensemble. d'ailleurs, il semblait intrigué par la peluche... Du coup je devais lui expliquer ça aussi ? Olala...

- Je me moques pas de toi, mais t'as des ailes ! du coup j'ai cru que t'étais un ange pas comme les autres, et que c'était pour ça que t'étais tout seul... mais comme tu m'as pas sauté dessus je me suis dit que non. Ou alors tu me connaissais pas. Du coup je sais plus.

Constatant que je m'embrouillais dans mes explications, je décidai de passer à Lapin.

- Ça c'est Lapin, ma peluche. Je l'ai cousue quand j’étais toute petite, mais quand j'étais dans la chambre elle a commencé à me parler ! Du coup c'est devenue mon meilleur ami !

Là, je devais faire preuve de concentration pour ne pas perdre le fil. Lui sauter dessus? Moi? Un ange pas comme les autres? Pas connaître? J'agitais mes mains, l'air de dire "woh deux secondes, tu en dis trop d'un coup!". Si je comprenais bien, elle m'avait vraiment pris pour un ange, juste différend des autres. C'était pas faux... Je n'étais pas vraiment un ange, mais mes ailes me différenciait réellement des autres. Après, certains acceptaient cette différence, d'autres non.

Elle me présentait maintenant sa peluche de façon plus détaillée. Après tout pourquoi pas, j'étais bien en possession d'un pinceau parlant pour ma part... Et volant par-dessus le marché.

- Je vois... Tu as du talent dis moi.

Oui, j'admet que les mots m'avaient été ôtés de la bouche.

- Je veux dire, Lapin est plutôt réussi.

Me disant qu'il me fallait vraiment dire quelque chose de plus recherché, j'essayais de comprendre ce que cette fille faisait ici toute seule. Elle avait peut-être l'air d'avoir ma tranche d'âge mais parlait et agissait vraiment comme une petite enfant. Peut-être qu'elle s'était perdue après tout. Et que comme moi j'ai l'air moins âgé que je ne le suis réellement, elle pouvait sembler plus âgée qu'elle ne l'était réellement. C'était une possibilité... Je n'allais pas la laisser toute seule ici tout de même. Toutes les personnes de la gent féminine ne sont pas forcément des psychopathes!

- Qu'est-ce que tu fais là toute seule? Tes parents te cherchent pas?

Non sans plaisir, j'écoutais les compliments du garçon ailé sur ma peluche. Moi aussi j'en étais fière. D'autant plus quand il avais commencé à me parler, car du coup j'avais eu l'impression de faire quelque chose de vraiment utile ! Ma bouche s'étira sur un large sourire. Puis le garçon - qui disait ne pas être un ange malgré ses ailes - eut une remarque pour le moins étonnante :

- Qu'est-ce que tu fais là toute seule? Tes parents te cherchent pas?

Avec des yeux ronds, je fixait Coban comme si il venait de lui pousser une deuxième tête. Bien sur qu'ils ne me cherchaient pas, ils étaient certainement morts depuis des centaines d'années ! Ah, mais il ne pouvais pas le savoir... Du coup je tendit la main vers mon sac et commençai à y fouiller.

- Ils peuvent pas me chercher ils sont morts ! Pis y a longtemps en plus... Mais tu pouvais pas savoir alors je te pardonne. Tiens !

Avec un cri de joie, je finit par réussir à sortir une petite peluche de mon sac et la tendait à Coban.

- Tu as dit que tu les aimaient bien alors je t'en donne une ! Et je m'appelle Shiro ! Papa disais que c'était parce-que j'étais toute blanche. Moi je trouve juste ça joli. Ah, et tu peux lui donner un nom si tu veux, je suis sur que ca lui fera plaisir !

Toute fière de moi, j’adressai à nouveau un grand sourire au garçon. Les années passées au sommet de Tour m'avaient totalement fait perdre la boule, et de voir ainsi le monde entier s'étendre devant moi était une sensation grisante, qui me mettais d'une peut-être trop vive bonne humeur. Du coup, j'avais l'air excessivement joyeuse. Pas grave. C'est bien, d'être joyeux.

Un gros poids atterrit dans mon ventre. Je me sentais... très con en fait. Mais finalement elle ne semblait pas si heurtée que ça. Si ses parents étaient morts depuis super longtemps et qu'elle me pardonnait avec un grand sourire dans ce cas... Mais alors comme se débrouillait-elle?

Shiro m'expliquait pourquoi elle s'appelait ainsi. Effectivement, ça avait du sens, elle était pâle comme neige, je n'avais jamais vu ça! D'une part parce que dans ma famille, y a toujours un léger métissage, sauf du côté de mon père mais qui est plus rose que blanc, et de plus parce que c'était comme ça. Je ne sortais pas souvent et je n'avais jamais vu de gens aussi blancs.

- C'est plutôt bien trouvé ça, Shiro.

Elle me tendait une peluche d'ourson. Force m'était d'admettre qu'il était mignon comme tout, mais je voyais très mal ce que j'allais bien pouvoir en faire. Et puis c'était super gênant.

- M... Mais c'est ta peluche! Elle est très jolie mais je veux pas que tu sois triste après...

Comme elle semblait y tenir, je tendais la main pour la prendre, et pour lui faire plaisir, je lui donnais un nom en rapport avec sa couleur brune, et parce que j'avais pas encore goûté et que j'étais quelqu'un d'assez gourmand à vrai dire... Je tenais la peluche face à moi et finissais par dire:

- Il m'a dit qu'il s'appelait Chocolat.

Je me sentais comme le dernier des crétins.

- M... Mais c'est ta peluche! Elle est très jolie mais je veux pas que tu sois triste après...
- Mais non t'en fais pas je peux en faire plein ! celui-ci n'a pas de nom, alors tu peux lui en donner un si tu veux ! Je sais pas si il te parlera, mais tu peux toujours essayer !

J'étais contente. J'avais enfin quelqu'un avec qui partager mes peluches, je ne cousait plus que pour moi-même ! Un agréable changement, qui ne manquait pas de me rendre exubérante. Après plus de 1000 ans de mélancolie, j'avais un peu le droit non ? Bref, après un petit temps de silence, Coban me répondit :

- Il m'a dit qu'il s'appelait Chocolat.

Souriant toujours, je hochait la tête. Très bon nom ça, Chocolat. C'était mieux que "nounours". Moi je n'avais aucune imagination. Surtout pour trouver des noms aux peluches...

Cela dit, un gargouillement me rappela que j'étais sortie du sommet de Tour. Mon horloge biologique recommençait à fonctionner normalement, et la faim me revenait...

- Ça alors... Je crois bien que... J'ai faim...

Brusquement je ne savais plus quoi faire. Ou trouver de la nourriture ? A qui la demander ? J'avais même oublié la fréquence à laquelle il fallait se nourrir ! Et si je mangeais trop, ou pas assez ? Visiblement j'étais en train de paniquer.

- Mais qu'est-ce que je dois faiiiiiire ??

Je sentais un immense soulagement me parcourir. Il n'y avait que nous deux sur la plaine et j'étais le seul à me prendre pour un idiot en fin de compte. Parfait. Ce sera donc Chocolat pour l'ourson en peluche.

Shiro disait avoir faim. On était bien d'accords cette fois! Nos estomacs se comprenaient. Bon signe ça. Sauf que visiblement, elle, elle ne comprenait pas son estomac. Sa panique soudaine me déboussola. Déjà, il lui semblait avoir faim. Elle mangeait tout le temps pour ne pas connaître la faim ou quoi? Je la voyais s'affoler, me demandant quoi faire. La réponse me semblait pourtant évidente, et je ne me privais pas pour lui en faire part, d'un air hébété.

- Bin... Faut manger..?

D'ailleurs, comment elle se débrouillait toute seule sans parents? Cela me semblait pas très logique. Remarque c'était l'heure du goûter là normalement... Papa devait m'attendre et se demander ce que je faisais! Si j'étais vraiment la seule personne que cette fille avait pu croiser jusqu'ici, je pouvais lui proposer à manger au château, au moins il y aurait mon père pour surveiller... Je pris ma décision.

- T'as pas de la nourriture chez toi? Si tu veux on peut aller manger un morceau mais euh... C'est bizarre ton histoire.

Je restais sur mes gardes, même si Shiro semblait inoffensive et ressemblait bien plus à un ange que moi, même sans ailes.

Au fur et à mesure que je sentait la panique monter, je sentit également les larmes me monter aux yeux. D'un coup, je me rendait compte que j'avais beau être totalement libre, cela faisait 1000 ans que je n'avais rien eu à faire à part coudre et perdre la boule, et je n'avais aucune idée de la manière de prendre soin de moi. Je n'avais pas la moindre manière de trouver de la nourriture, ou encore un endroit pour dormir. Cela faisait aussi plus de 1000 ans que je n'avais pas eu à me laver, ou même quoi que ce soit d'autre ! Mes mains se mirent à trembler.

- T'as pas de la nourriture chez toi? Si tu veux on peut aller manger un morceau mais euh... C'est bizarre ton histoire.

Je relevai les yeux vers lui, l'air désespérée. il ne comprenait pas ! Il allait falloir que je lui explique... En espérant qu'il comprendrais...

- J'ai pas de maison. J'viens d'arriver ici, je sais même pas comment ! Les anges m'avaient emprisonnée dans une chambre pendant trèèès longtemps, et du coup j'avais plus besoin de manger ou de dormir, et je sais plus comment on fait !

Soudain, les larmes débordèrent de mes yeux. J'étais totalement paniquée. Et si je mourrais de faim ? Ça prenait combien de temps pour mourir comme ça ? Et de sommeil ? Ou encore de maladie ? D'enthousiaste, je passait à terrorisée.

Je me sentais piégé face à ses arguments, démuni face à ses larmes. Merde, qu'est-ce que c'était que cette histoire de malade? Comment un être vivant pouvait-il perdre tout instinct primaire? Je ne pouvais décemment pas la laisser dans cet état... Je m'approchais doucement, me répétant que toutes les filles n'étaient pas des psychopathes, et lui pris une main, un peu timidement, mais parce que j'ai pas l'habitude.

- Faut... faut pas te mettre dans cet état, tu vas pas en mourir. Viens avec moi, tu retrouveras ces habitudes très vite tu verras.

Je la tirais un peu dans l'espoir qu'elle me suive. Et puis je me disais, je ne pouvais pas l'amener devant mon père comme ça. Je fouillais dans ma poche pour en sortir un bout de chiffon, certes un peu crasseux, mais au moins qu'elle puisse essuyer ses grosses larmes de crocodile.
Je guidais donc Shiro jusqu'au château. En revanche, j'avais une précision à émettre. Cet endroit n'était en rien ma demeure. Ma vraie maison, nous l'avions abandonnée temporairement mon père et moi, le temps que cette histoire d'enlèvements soit réglée. Je ne voulais pas l'y emmener parce que j'avais à la fois peur de me faire encore attraper, mais que elle aussi se retrouve enfermée. Surtout que si son histoire était véridique... ça ferait beaucoup d'un coup. Et puis pour ne plus savoir comment manger et dormir, elle avait dû y rester vachement plus longtemps que moi dans sa cage!

- Je t'emmènerai bien chez moi mais je ne peux pas, ce serait dangereux pour nous deux. On va plutôt dans ce château, là où je suis hébergé. J'espère que ta présence ne sera pas dérangeante pour les autres...

- Faut... faut pas te mettre dans cet état, tu vas pas en mourir. Viens avec moi, tu retrouveras ces habitudes très vite tu verras.
- Tu... Tu crois..?

Le garçon ailé me tendit un mouchoir, dont je me servit avec un regard reconnaissant pour m'essuyer les yeux. Il était gentil... En tout cas plus que beaucoup de gens que j'avais rencontrés. Il m'indiqua la route d'un château, que je regardais avec de grands yeux, ça faisait longtemps que je n'avais pas posé les yeux sur ce genre d'édifices... Serrant Lapin contre mon cœur pour me rassurer, je le suivit donc, me demandant si malgré son allure il n'était pas un prince pour vivre ainsi dans un château. Puis il m'éclaira sur le sujet :

- Je t'emmènerai bien chez moi mais je ne peux pas, ce serait dangereux pour nous deux. On va plutôt dans ce château, là où je suis hébergé. J'espère que ta présence ne sera pas dérangeante pour les autres...

Je clignai un peu des yeux, me demandant ce que ça voulait dire. Pourquoi c'était dangereux chez lui ? Distraite de ma panique, je commençai à réfléchir...

- Pourquoi c'est dangereux chez toi ? Y a des animaux sauvages ? Des monstres ?

Tout en parlant, je continuait de le suivre sur le chemin de sa demeure visiblement temporaire.

Apparemment, j'étais parvenu à la calmer. Il me semblait avoir vu des étoiles dans ses yeux s'éteindre peu après mon explication. Peut-être parce que je lui ai dit que je ne vivais pas réellement ici, que j'étais réellement un bouseux! Ou alors juste par crainte du danger.

- Je vis dans la forêt. En soi ce n'est pas super dangereux mais les lieux sont devenus plutôt infréquentables... Tu risquerai de te retrouver enfermée encore pour une durée indéterminée.

Je ne me sentais pas obligé d'en rajouter, histoire de ne pas lui faire trop peur, la forêt en question était tout de même assez proche. Elle comprendrait. Nous arrivions au château. Il y avait un vieux pont levis abaissé que nous traversâmes. Une fois le pont franchi, je la menais vers une terrasse sur laquelle une petite table blanche et des chaises étaient sorties.
Mon père y était, venant tout juste d'apporter du jus de fruit et des cookies. Depuis le temps nous avions un peu pris nos marques, ce n'était pas plus mal, tant que nous rendions service à nos hôtes. J'espérais juste qu'Elenwë ne m'en voudra pas de lui avoir mangé ses cookies durant son absence. Au pire je lui en referais.
Papa m'interrogeait du regard. Je faisais donc les présentations.

- Lui c'est mon père. Papa, je te présente Shiro. Elle est un peu perdue et elle a faim. Elle peut rester au moins goûter?

Mon père semblait ne pas trop comprendre en quoi cette fille était perdue, en tout cas il ne voyait pas d'inconvénient à ce qu'elle mange un peu.

- ... Ah oui! Oui bien sûr. Bonjour Shiro. Assieds toi. D'où est-ce que tu viens?

Je préférais la laisser répondre si elle le voulait. De toutes façons à part qu'elle venait d'une tour enfermée par des anges, je n'en savais pas plus que ça.

Messages : 46 Date d'inscription : 15/04/2013

Finwë avait passé ces derniers jours à la bibliothèque, jusqu'à qu'un étrange individu accompagné d'une personne adulte, lui demanda de l’héberger et qu'il venait de la part de ses deux cousins. La demi-elfe fut tout de même surprise, mais ne laissa rien paraître. La jeune fille leur avait montré les différents lieux, en commençant par la bibliothèque, car c'est le lieu qu'elle connaissait le mieux. La demoiselle avait continué la visite sur l'immense salle à manger suivit de la cuisine. En leur expliquant comment fonctionnait les différents instruments. Dès qu'elle eut fini de répondre à toutes leurs questions, elle les raccompagna dans le hall, qui servait également de salon avec les coussins disposés devant l'âtre. Pour finir, l'hybride leur expliqua que les escaliers conduisaient aux appartements des résidents du château. Ainsi l'escalier avec le tapis bleu, les conduisait dans ses quartiers de son cousin et d'elle, le vert ceux de son petit et grand cousin, quant au rouge, Finwë l'ignorait, car cette dernière n'avait pas encore vu la famille. Aussi leur dit-elle qu'ils pouvaient dormir dans ces derniers, en espérant que son grand cousin ne lui en voudrait nullement. Alors qu'elle retournait dans la bibliothèque, la demoiselle fut surprise de voir cette table ainsi que ces chaises de sortie.
* Où étaient-elles rangées ? * Se demanda t-elle.

La fille décida de hausser les épaules, puis retourna en direction de la bibliothèque, lorsque qu'une nouvelle voix se fit entendre.
* J'espère qu'elle ne va pas demander un abri, elle aussi. *

Finwë alla voir ce qu'il se passait, et remarqua que c'était une demoiselle, ou peut-être un enfant vu qu'elle avait une peluche avec elle. La demoiselle décida d'aller rejoindre le petit groupe.
- Soit la bienvenue. Ne t'en fais pas, nous n'allons pas te faire de mal. En tout cas, si tu as besoin de quoi que se soit, n'hésite pas à demander. Nous sommes ici pour s'entraider.

La demi-elfe voulait savoir d'où venait cette étrangère, elle ressemblait beaucoup à un de ces humains, mais elle semblait différente.

Après m'avoir expliqué que si j'allais dans la forêt je risquait encore d'être emprisonné - ce qui me suffit largement pour me résoudre à l'éviter comme la peste - Coban m'emmena jusqu'au château, qui m'impressionna. Avec Suìn, on en avaient visités pleins, mais celui-ci était différent, peut-être à cause des matériaux utilisés, ou encore la structure du bâtiment... Il me présenta à un homme qui attendait visiblement quelqu'un, assis en face de cookies qui me firent saliver.

Coban me le présenta comme son père. Du coup, je les observa le temps de bien définir en quoi il lui ressemblait et en quoi il était différent... Puis ce dernier s'adressa à moi, me faisant sursauter.

- Ah oui! Oui bien sûr. Bonjour Shiro. Assieds toi. D'où est-ce que tu viens?

Prenant timidement place sur la chaise - cela faisait une éternité que je ne m'étais pas assise sur autre chose qu'un lit ou de la moquette - j'hésitai à prendre un cookie. Mais je me dit qu'avant cela, peut-être devrais-je répondre à la question du père de Coban, par simple politesse...

- Bonjour... Je viens de Tour, mais elle est détruite maintenant ! Du coup je me suis retrouvée la.

Une autre personne arriva alors, mais je ne la remarquai pas avant qu'elle n'ouvre la bouche pour parler, me faisant sursauter :

- Soit la bienvenue. Ne t'en fais pas, nous n'allons pas te faire de mal. En tout cas, si tu as besoin de quoi que se soit, n'hésite pas à demander. Nous sommes ici pour s'entraider.

Je souriait à la nouvelle venue, sans toucher encore aux cookies malgré que mon estomac hurle de faim. Trop peu l'habitude, et il y avait beaucoup de gens la, surtout pour moi... Et puis tous ces gens étaient étranges. La nouvelle-venue, par exemple, avait un visage très fin et des yeux en amandes. Je n'en avaient jamais vu de semblables. Mais encore, ce n'était rien à coté de celui que j'avais pris pour un ange !

- Merci de votre accueil, ça fait longtemps que l'on ne m'en a pas accordé de semblable, et pour cause... Ça fait une éternité que je n'ai vu personne ! Vous êtes très jolie vous savez ?

Je me souvenais des cours de bonne manière de Suìn, et comme cette demoiselle semblait être la maîtresse des lieux...

Je remarquais que le regard de Shiro passait régulièrement de moi à mon père. Je me demandais bien pourquoi. En même temps il fallait bien la comprendre; mettre un lien de parenté entre un bonhomme comme moi et un humain tout ce qu'il y a de plus banal... Pas évident.
Mon père non plus ne semblait pas savoir où était Tour. Je sentit un bond dans ma poitrine quand j'entendit la voix du rat de bibliothèque. En effet, je n'avais jamais vu Finwë avant de venir seul avec mon père ici. Et pour cause, elle passait son temps à lire. C'est pourquoi je m'attendais à tout sauf à la voir surgir soudain hors de sa bien aimée bibliothèque.

- F-Finwë! Tu tombes bien... Shiro a besoin d'aide parce qu'elle n'a visiblement nulle part où aller..!

Je vis que Shiro s'appliquait à répéter de charmantes formules de politesse -bien que Finwë soit en effet plutôt jolie dans sa simplicité mais là n'était pas le propos- mais que sa main esquissait des mouvements de va et vient entre son ventre et les cookies. Les biscuits semblaient d'ailleurs beaucoup attirer ses yeux. La pauvre, déjà qu'elle ne savait plus comment manger...
Je décidais de me montrer digne du pire morfale mais version soft. C'est à dire, ne pas faire attention aux autres et prendre deux cookies d'un coup. L'un mangé vite, l'autre petit bout par petit bout. Et un verre de jus d'orange! Puis je regardais Shiro avec insistance et miettes autour de la bouche. Un seul message: Mange, bon sang de bois!

- Prend un cookie, t'as faim, tu mange.

Je lui mettais un cookie dans la main.

Messages : 46 Date d'inscription : 15/04/2013

Je m'en voulais de les avoir dérangé, en tout cas, Coban, semblait ravi de me voir et pour cause, la jeune fille avait besoin d'un abri.
* J'espère que Lankouëch ne m'en voudra nullement, vu que c'est lui qui gère le château en l'absence de son père, mais bon... Je ne peux pas trop fermé les yeux sur cette jeune personne qui semble fragile et affaibli. *

Je me mit à afficher un joli sourire.
- Si elle le désire et surtout s'il y a encore de la place dans la tour où je vous ai hébergé, elle pourra dormir ici. J'espère juste que je ne fais pas de bêtise, et mon cousin qui prends tout son temps. Il a bien dit qu'il pêchait avec Lankouëch apparemment, enfin... Je les connais bien, ils vont revenir au coucher du soleil.

Je savais que dès qu'Elenwë disait qu'il partait pêcher, c'était juste une excuse pour signaler qu'il se reposait au bord de l'eau, et c'était le meilleur moyen pour ce dernier de parler avec ses saisons, sans que personne ne le remarque. C'est alors que la remarque de la demoiselle me fit rougir légèrement.
- Ah... M... M... M... Merci, lui dis-je en bégayant avec un petit sourire timide.

J'hésitais à me joindre à eux, puis je remarquais que c'était les cookies que mon cousin avait prit soin de cacher.
* J'ai bien peur que tu devras trouver une autre cachette, Elenwë *

Je leur demanda le plus timidement possible, car comparé à Elenwë je ne m'incrustais pas sans y être invité.
- Hum... Est-ce que je peux me joindre à vous ? Je suppose que vous devez avoir des questions à me poser, enfin... Je suppose.

- Si elle le désire et surtout s'il y a encore de la place dans la tour où je vous ai hébergé, elle pourra dormir ici. J'espère juste que je ne fais pas de bêtise, et mon cousin qui prends tout son temps. Il a bien dit qu'il pêchait avec Lankouëch apparemment, enfin... Je les connais bien, ils vont revenir au coucher du soleil.

J’acquiesçai, tiquant tout de même quand elle dit qu'il y avait peut-être de la place dans la tout. Cela lui rappelait trop la situation dans laquelle elle avait été dans les innombrables années précédentes... Mais si elle n'avais pas que cela à proposer...

- Tant que vous ne m'y emprisonnez pas...

Sous l'injonction de Coban, je prit un cookie dans l'assiette et le portai à mes lèvres pour mordre dedans. Puis je mastiqua le biscuit avec méthode, le sentant se réduire en miette sous l'action de mes molaires. En tout cas, si ce jeun de plus de 1000 ans avait eu un effet bénéfique, c'était bien que du coup je n'avais pas la moindre carie !

- Ah... M... M... M... Merci.

A nouveau, j'adressai un sourire à la propriétaire des lieux. Enfin, l'une des propriétaire, puisqu'elle venait de parler d'un certain "Elenwë"...

- C'est vrai, vous avez un visage très fin !
- Hum... Est-ce que je peux me joindre à vous ? Je suppose que vous devez avoir des questions à me poser, enfin... Je suppose.

La, ce n'était pas a moi de répondre... Déglutissant avec peine mon gâteau, j'en prit un autre sur l'assiette, la faim revenant à l'attaque comme jamais... J'avais des années à rattraper, pour cela comme pour bien des choses, alors autant ne pas attendre !

J'adressais un grand sourire à Finwë pour sa générosité. En revanche, j'étais un peu triste pour elle. Je me disais qu'elle devait avoir perdu la notion du temps. J'étais arrivé en pleine nuit, à la même date que le départ d'Elenwë et Lankouëch. Et je n'étais pas là d'hier. Quand avait-elle lu sa lettre? Très tardivement à mon avis. Moi même je n'étais pas certain qu'elle les reverrai. Et pourtant, elle continuait d'y croire... Je n'osais pas lui dire. Mon père et moi n'avions parlé que notre protection, et j'avais dû lui expliquer que Lankouëch m'avait hébergé peu avant. Mais par discrétion pour Elenwë et Lankou, nous n'avions rien dit sur la raison de leur départ.

-Ah c'est super! Merci infiniment Finwë!

Je culpabilisais un peu au fond, mais peut-être que c'était mieux comme ça, pour Elenwë, Lankou, et même pour Finwë qui risquerait de se faire un sang d'encre. Cependant, j'étais content de constater, en m'essuyant la bouche, que Shiro avait plus ou moins retrouvé ses réflexes de mastication. Tandis que les cookies disparaissaient un à un dans sa bouche, j'invitais Finwë à s'asseoir. Elle semblait intimidée par les compliments de Shiro.

- Allez viens! C'est chez toi après tout!

Mon père semblait du même avis et lui souriait aussi en lui servant un verre de jus de fruit.

Messages : 46 Date d'inscription : 15/04/2013

Je fut surprise par la réaction de la jeune fille. Apparemment, cette dernière a dû être enfermée dans une grande tour, sans escaliers ni autre. J'avais pitié d'elle, mais elle semblait si rayonnante à présent, que peut-être que ce passé allait vite s'estomper, je m'empressais de la rassurer.
- Pourquoi est-ce que je vous emprisonnerais ? Si vous voulez, dès demain je pourrais essayer de vous trouver une auberge ou alors une maison... Enfin, vous devez avoir vos parents dans le coin, n'est-ce pas ?

Si cette enfant était orpheline, je me devais de lui trouver une famille qui pourrait prendre soin d'elle. Je me tournait en direction de Coban qui me remerciait, je ne pu m'empêcher de lui sourire, mais pas aussi joliment que mon cousin.
- De rien. J'espère juste que je ne fais rien de grave. Et pourquoi cet abruti d'Elenwë ne vous a pas donné de directive, et qu'est-ce qu'il fabrique, cela fait plusieurs heures qu'il aurait dû rentrer avec Lankouëch, ce n'est pas possible !

Je m'étais emporté dès que j'avais commencé à parler de mon adorable cousin, je leur fit un petit sourire gêné.
- Désolée, j'ai tendance à m'emporter facilement.

Je ne put m'empêcher de rougir de nouveau lorsque la jeune fille annonça que j'avais un visage fin. J'étais très heureuse de pouvoir m'installer à cette table.
- D'ailleurs... Où avez-vous trouvez cette table ? Demandais-je à Coban et son père.

J'étais prête à répondre à toutes leur questions.

- Pourquoi est-ce que je vous emprisonnerais ? Si vous voulez, dès demain je pourrais essayer de vous trouver une auberge ou alors une maison... Enfin, vous devez avoir vos parents dans le coin, n'est-ce pas ?

Je secouai un peu la tête. Mes parents n'étaient certainement pas du coin, et leurs cadavres devaient certainement s'être décomposés dans leurs tombes depuis des siècles... Littéralement. C'était dure à admettre... Pendant toutes ses années dans cette tour, j'avais essayé de ne pas y penser, et cela avait eu son effet : à présent, je ne souffrait plus de leur absence. Après tout, j'avais ma peluche : Je pris le lapin en peluche tout rapiécé sur mes genoux et le fit sautiller.

- Mes parents ne sont pas d'ici, et ils sont morts. Mais ça fait vraiment très longtemps, alors tout le monde les a oubliés, même moi ! Du coup ils ne me manques pas. Et ne prenez pas la peine de me chercher un autre endroit à loger, du moment qu'on ne ferme pas la porte à clé moi ça me va.

Avec cette histoire de séquestration, j'étais certainement devenue un peu claustrophobe... Rien que l'idée de rester coincée dans une pièce à la porte fermée me terrifiait... Plus jamais, maintenant que j'avais retrouvé ma liberté ! En faite, les Anges avaient bien choisi le lieux ou m'envoyer, les gens étaient gentils ici... S'ils avaient su, ils auraient certainement choisit un autre endroit pour moi.

- Mais qui sont Elenwë et Lankouëch ?

Posant cette question, je pris un nouveau biscuit pour combler le vide de mon estomac. Ça ne marchait que moyennement, mais au moins j'avais quelque chose à me mettre sous les dents, et ca c'était vraiment bien !

Mon père s'empressa de répondre à la demi-elfe que la table en question venait de l'intérieur et qu'il la rangerait dès que le goûter serait terminé. En revanche il me jeta un regard interrogateur quand elle aborda le sujet Elenwë, encore une fois. Qu'est-ce qu'on dit? Rien pour l'instant.

Je faisais mine de m’intéresser à Shiro, même si je savais déjà pour ses parents. Quelque chose en elle me rappelait... Mon cas. Mais en pire. Les enfermements étaient donc apparemment fréquent chez les jeunes, et j'avais visiblement eu la chance de ma vie lors de cette expérience en plein air. Un an seulement. Et pourtant, un an c'est beaucoup. Trois centaines de jours et plusieurs dizaines. En tout cas ça a suffit à me rendre claustro aussi. C'était ça le point commun. La claustrophobie. Je me suis dit, franchement, c'est nul.

Comme Shiro relançait finalement la conversation sur Lankouëch et Elenwë, je décidais de répondre, non sans appréhension.

- Elenwë et Lankouëch sont ses cousins... Et... En fait ils ont eu un p'tit contretemps, ils ne seront pas là avant... Peut-être quelques jours..?

Je craignais une réaction alarmiste, c'est pourquoi j'avais baissé le ton de façon considérable.

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J'écoutait attentivement la réponse du père de Coban.
- C'est bizarre que je ne l'ai jamais vu. À mon avis, le père de Lankouëch doit planquer des objets, mais... Tout de même... C'est étrange. Enfin, c'est quand même gentil de m'inviter à goûter avec vous.

J'écoutais Shiro qui commençait à raconter son passé, ce qui lui était arrivé et autres. Je me disais que j'avais eu beaucoup de chance, mes parents n'étaient pas morts, j'avais encore de la famille.
- Toutes les portes sont dotées de clés, mais c'est à toi de choisir si oui, ou non tu veux la fermer.

J'espérais que ça allait la rassurer, après tout, je ne disais que la vérité. Et puis, ce n'est pas comme si je l'obligeais à s'enfermer. Je lui fit un petit sourire, comme pour la rassurée, mais je dois bien avouer que j'étais moins douée que mon cher et tendre cousin. Mon regard se tourna en direction de Coban qui avait osé répondre à ma place. On parlait de mes cousins, pas des siens. J'essayais de ne pas faire paraître ma colère, mais elle éclata dès qu'il baissa le ton.
- COMMENT CA ILS NE SERONT PAS LÀ AVANT ? J'EXIGE DES EXPLICATIONS ! hurlais-je dans les oreilles de ce pauvre Coban.

Je reprie mon calme et commença à manger quelques cookies en buvant une tasse de thé bien chaude.

- COMMENT CA ILS NE SERONT PAS LÀ AVANT ? J'EXIGE DES EXPLICATIONS !

J'eus un sursaut en voyant la si jolie fille hurler ainsi dans les oreille de Coban, et je doit bien avouer que ça m'a un peu énervée aussi... Coban était le premier amis que je me soit faite en arrivant dans la plaine, et le voir se faire ainsi crier dessus pour une chose pour laquelle il n'était probablement pas responsable - après tout il était ici, pas avec les deux fuyards - ne me plaisait pas. J'étais restée très longtemps sans voir personne, ce n'était pas pour cela que j'avais perdue toute notion de sociabilité, et je savais que hurler sur les gens n'était pas la meilleur manière de se faire des amis...

Mais en la voyant se rasseoir comme si de rien n'était et manger ses biscuits, j'avoue que j'ai craquée. Cette fille n'en avait rien a faire de la manière dont elle venait de se comporter, de l'ijustice dont elle avait fait preuve... J'étais scandalisée.

- Dis donc... Ça va pas de lui crier comme ça ? Regarde-le, tu lui a certainement fait mal aux oreilles ! En plus il y est pour rien si... Machin et Bidule ne sont pas rentrés ! Surtout si ce château appartient à une des personnes absente, tu n'as pas à te montrer aussi désagréable !

Je lui lançait un regard énervé en prenant un nouveau biscuit et en le croquant brusquement. Même ma peluche semblait la fusiller du regard...